Françoise Gwinner Legrand
Photographe
Partir en voyage a été longtemps une quête.
Aller chercher l’ailleurs, toujours plus loin. Voir pour connaître. Rencontrer pour comprendre.
Je me suis vite heurtée aux limites narratives de la photographie : au delà de « rendre compte » du paysage, de l’architecture, de l’humain, comment faire ressentir un instant en un lieu ? Comment donner du sens ?
Dans ma famille l’image est une affaire de femmes.
Fille et petite-fille de femmes peintres, je suis sensible aux couleurs et aux formes pures, attirée à la fois par le caractère strict des lignes et la profusion qui apporte l’illusion. Ne sommes-nous pas faits de contradictions ?
Mère d’une femme scientifique et poète (ethnobiologiste), je mêle souvent ses textes à mes photographies. Sensibles au vivant qui nous entoure, nous traduisons l’une et l’autre à notre manière l’éphémère et ce qui dure.
Les lieux où je me rends sont peuplés d’arbres, de pierres, de rivières et d’océans.
Les arbres me fascinent par leurs lignes, leur lumière, leur symbiose .
Poreuse aux forces telluriques je suis gagnée par l’énergie des lieux.
L’humain n’apparaît pas dans mes photographies. Il y laisse des traces de sa présence éphémère et de l’exploitation des ressources qu’il s’approprie.
Afin d’associer le lieu et l’instant, je pose, je bouge, je superpose la matière et le sujet. Je brouille les pistes.
J’aime créer une forme de mirage pour surprendre, capter l’attention, entrainer chacun dans la vibration du monde.